Gestion de projet : Les méthodologies agiles au service d’une organisation réussie

Introduction

Les méthodologies agiles trouvent leurs racines dans les années 1990, à une époque où les approches traditionnelles de gestion de projet, comme le modèle en cascade, étaient de plus en plus critiquées pour leur rigidité. Ce modèle imposait de définir toutes les spécifications dès le départ et de suivre un processus linéaire, rendant les ajustements difficiles et les retours en arrière coûteux. Face à l’évolution rapide des besoins technologiques, cette approche montrait ses limites.

En réponse, au début des années 2000 avec la publication du Manifeste Agile, la méthodologie Agile a révolutionné la gestion de projet en prônant l’adaptabilité et la collaboration.. Depuis lors, plusieurs frameworks agiles ont émergé, parmi lesquels Scrum est l’un des plus largement adoptés. Bien que des approches comme Kanban ou Lean soient également utilisées, Scrum se distingue par sa structure claire, qui favorise l’adaptabilité, la collaboration et l’amélioration continue. Cet article explorera les principes de Scrum, ses rôles, cérémonies, artefacts, ainsi que ses avantages et défis.

Prérequis

Avant de mettre en œuvre Scrum dans vos projets, il est important de vous familiariser avec certains concepts et outils :

  • User stories et spécifications fonctionnelles : Avoir une compréhension de ces notions est important pour définir les besoins des utilisateurs et les objectifs du produit.
  • Approches de développement agile : Une connaissance des méthodes Agile, telles que Scrum ou Kanban, est nécessaire pour bien naviguer dans le cadre Scrum.
  • Architecture des projets logiciels : Disposer de notions sur ce sujet permettra une meilleure planification et structuration du développement.

Use Case

L’objectif de l’article est de démontrer comment l’utilisation de méthodologies agiles peut améliorer la gestion de projet au sein des équipes de développement. Ce cas d’utilisation met en avant la manière dont ces outils aident à :

  1. Réduire les ambiguïtés : Clarifier les spécifications fonctionnelles et les attentes pour chaque étape du projet.
  2. Augmenter la productivité : En structurant les fonctionnalités sous forme de Use Cases bien définis, chaque étape du développement devient plus transparente et compréhensible.
  3. Faciliter la collaboration : En adoptant une approche claire et standardisée, les équipes de développement, les clients, et les parties prenantes peuvent mieux communiquer et collaborer.
  4. S’adapter aux changements : Intégrer les feedbacks et les ajustements plus facilement au fil des itérations, tout en respectant les principes de l’Agilité.

Principes de la Méthodologie Agile

En 2001, un groupe de 17 experts en développement logiciel se réunit à Snowbird, dans l’Utah, pour formaliser une nouvelle approche du développement. De cette rencontre est né le Manifeste Agile, qui définit quatre valeurs principales et douze principes sous-jacents.

Les 4 valeurs fondamentales du Manifeste Agile :

  • Les individus et leurs interactions plutôt que les processus et les outils. L’accent est mis sur la communication et la collaboration au sein de l’équipe, car de bonnes interactions humaines permettent de résoudre les problèmes plus efficacement que des processus rigides ou des outils complexes.
  • Des logiciels opérationnels plutôt que la documentation exhaustive. La priorité est de livrer des logiciels fonctionnels qui apportent de la valeur, plutôt que de se concentrer sur une documentation trop détaillée. L’objectif est de démontrer des résultats concrets à travers des produits utilisables.
  • La collaboration avec le client plutôt que la négociation de contrats. Agile privilégie une collaboration continue avec le client pour s’assurer que le produit répond à ses besoins réels, plutôt que de s’en tenir strictement à un contrat initial. Cela permet de s’ajuster aux nouvelles demandes.
  • L’adaptation au changement plutôt que le suivi d’un plan. Agile favorise l’adaptabilité et la réactivité face aux changements, plutôt que de suivre un plan préétabli qui pourrait devenir obsolète. Le projet s’adapte aux nouvelles circonstances pour rester pertinent.

Les 12 principes agiles soulignent :

  • L’importance de livrer fréquemment des logiciels fonctionnels.
  • La collaboration étroite avec les parties prenantes.
  • La capacité à accepter les changements même tardifs.
  • La communication directe au sein des équipes.
  • La recherche d’une qualité technique et de conceptions simples.

Rôles dans Scrum

Scrum définit trois rôles principaux qui composent une équipe Scrum :

  • Scrum Master : (Scrum Master) Responsable de la facilitation du processus Scrum, le Scrum Master aide l’équipe à respecter les principes et pratiques Scrum, à résoudre les obstacles et à améliorer continuellement son fonctionnement.
  • Product Owner : (Product Owner) Représentant des parties prenantes, le Product Owner est chargé de la gestion du backlog produit, de la priorisation des fonctionnalités et de la communication de la vision du produit à l’équipe.
  • Équipe de Développement : (Development Team) Composée de professionnels qui travaillent ensemble pour livrer les incréments de produit. L’équipe est auto-organisée et pluridisciplinaire, capable de concevoir, développer et tester le produit.

Cérémonies Scrum

Scrum est une méthodologie Agile qui s’articule autour de plusieurs cérémonies essentielles pour assurer une gestion efficace des projets. Ces cérémonies favorisent la collaboration, la transparence et l’adaptabilité au sein de l’équipe.

Sprint

Description

Le Sprint est un cycle de développement d’une durée fixe, généralement de deux à quatre semaines. Pendant cette période, l’équipe se concentre sur un ensemble spécifique de tâches sélectionnées dans le backlog du produit. Chaque Sprint a un objectif clair et doit aboutir à un incrément de produit potentiellement livrable.

Exemple

Supposons qu’une équipe développe une application de gestion de tâches. Pour le prochain Sprint de deux semaines, l’objectif est d’ajouter la fonctionnalité de rappel par notification. L’équipe sélectionne les tâches associées, telles que la conception de l’interface utilisateur pour les réglages de notifications, le développement du système de notifications et les tests unitaires. À la fin du Sprint, cette nouvelle fonctionnalité devrait être opérationnelle et prête à être présentée aux parties prenantes.

Planification du Sprint (Sprint Planning)

Description

La Planification du Sprint est une réunion qui se tient au début de chaque Sprint. L’équipe et le Product Owner collaborent pour déterminer les objectifs du Sprint et sélectionner les éléments du backlog à réaliser. Ils estiment le travail nécessaire et s’assurent que les tâches sont claires et réalisables dans le temps imparti.

Exemple

Lors d’une séance de planification, le Product Owner propose d’ajouter une fonctionnalité de partage de documents à une plateforme collaborative. L’équipe discute des exigences, pose des questions pour clarifier les détails et estime le temps nécessaire pour chaque tâche. Ils décident que la fonctionnalité est réalisable en un Sprint et l’ajoutent à leur plan de travail, en définissant comme objectif : “Permettre aux utilisateurs de partager des documents au sein des projets.”

Mises à jour quotidiennes (Daily Stand-ups)

Description

Les Mises à jour quotidiennes sont des réunions brèves, d’environ 15 minutes, tenues chaque jour à la même heure. Chaque membre de l’équipe répond à trois questions :

  1. Qu’ai-je accompli depuis la dernière réunion ?
  2. Que vais-je faire aujourd’hui ?
  3. Quels obstacles se dressent sur mon chemin ?

Ces réunions favorisent la communication, la coordination et la détection rapide des problèmes.

Exemple

Lors d’une mise à jour quotidienne, un développeur déclare :

  • Accompli : “Hier, j’ai intégré l’API de paiement.”
  • Prévu : “Aujourd’hui, je vais travailler sur la validation des transactions.”
  • Obstacles : “Je rencontre des difficultés avec les paramètres de sécurité de l’API et pourrais avoir besoin d’aide.”

Un autre membre de l’équipe ayant déjà travaillé avec cette API propose de l’assister après la réunion, ce qui permet de résoudre le problème rapidement.

Revue de Sprint (Sprint Review)

Description

La Revue de Sprint a lieu à la fin de chaque Sprint. L’équipe présente le travail accompli aux parties prenantes, y compris le Product Owner, les clients ou d’autres intéressés. C’est l’occasion de démontrer les nouvelles fonctionnalités, de recueillir des retours et de discuter des ajustements potentiels au backlog du produit.

Exemple

Après un Sprint dédié à l’amélioration de l’interface utilisateur, l’équipe organise une revue. Ils présentent les nouvelles maquettes et fonctionnalités interactives du tableau de bord. Les clients présents apprécient les améliorations, mais suggèrent d’ajouter un indicateur de performance clé supplémentaire. Ces retours sont discutés et le Product Owner décide d’ajouter cette suggestion au backlog pour une future priorisation.

Rétrospective de Sprint (Sprint Retrospective)

Description

La Rétrospective de Sprint est une réunion interne qui suit la revue de Sprint. L’équipe se réunit pour réfléchir au déroulement du Sprint, identifier ce qui a bien fonctionné et ce qui peut être amélioré. L’objectif est d’instaurer une culture d’amélioration continue.

Exemple

Lors de la rétrospective, l’équipe utilise la technique du “Start, Stop, Continue” :

  • Start (Commencer) : “Commencer à utiliser un outil de suivi des bugs pour mieux gérer les rapports d’erreurs.”
  • Stop (Arrêter) : “Arrêter les réunions prolongées qui dépassent l’heure prévue.”
  • Continue (Continuer) : “Continuer la pratique des revues de code en binôme qui ont amélioré la qualité du code.”

En identifiant ces points, l’équipe élabore un plan d’action pour le prochain Sprint afin d’adopter de nouvelles pratiques bénéfiques et éliminer celles qui sont inefficaces.

Décomposition des users story en scénarios

L’une des étapes essentielles dans la gestion de projet agile est la rédaction de scénarios à partir des user stories sélectionnées. Lors des séances de grooming, les user stories priorisées du backlog sont analysées et décomposées en plusieurs scénarios. Chaque scénario décrit un cas d’usage spécifique, assurant ainsi une couverture complète de la fonctionnalité.

Cette décomposition, rédigée selon le modèle Given-When-Then, permet d’explorer tous les angles possibles de la fonctionnalité, tout en garantissant une clarté et une cohérence tout au long du processus de spécification. En adoptant cette approche, les équipes évitent les malentendus et les zones d’ombre, ce qui contribue à une implémentation plus efficace.

Prenons l’exemple d’une user story sur la réinitialisation de mot de passe. Cette fonctionnalité peut être déclinée en plusieurs scénarios concrets pour couvrir les différentes situations que pourrait rencontrer l’utilisateur :

  1. Scénario 1 : Demande de réinitialisation avec un email valide
    • Given : Un utilisateur accède à la page de connexion pour réinitialiser son mot de passe.
    • When : L’utilisateur entre une adresse e-mail valide associée à un compte et clique sur “Réinitialiser”.
    • Then : Un e-mail contenant un lien de réinitialisation est envoyé à l’adresse spécifiée.
  2. Scénario 2 : Demande de réinitialisation avec un email invalide
    • Given : Un utilisateur tente de réinitialiser son mot de passe sur la page de connexion.
    • When : L’utilisateur entre une adresse e-mail non reconnue par le système.
    • Then : Un message d’erreur informe l’utilisateur que l’adresse e-mail est incorrecte.
  3. Scénario 3 : Utilisation d’un lien de réinitialisation expiré
    • Given : Un utilisateur a reçu un e-mail avec un lien de réinitialisation.
    • When : L’utilisateur clique sur ce lien après l’expiration du délai de validité.
    • Then : Un message d’erreur apparaît, indiquant que le lien est expiré et proposant de renvoyer un nouveau lien.

Ces exemples montrent comment la rédaction de scénarios détaillés permet de clarifier les attentes en matière de développement, tout en offrant un cadre structuré pour la gestion des cas d’usage. La granularité offerte par le modèle Given-When-Then facilite non seule

Artefacts Scrum

Scrum utilise plusieurs artefacts pour structurer le travail :

Backlog produit (Product Backlog)

Description

Le Backlog produit est une liste exhaustive et priorisée de toutes les fonctionnalités, améliorations, et corrections de bugs qui doivent être réalisées sur un produit. Il est maintenu par le Product Owner et est en constante évolution. À mesure que de nouvelles idées ou besoins émergent, ils sont ajoutés au backlog. Les éléments du backlog sont classés par ordre de priorité, de sorte que les fonctionnalités les plus importantes soient traitées en premier.

Le backlog produit n’est jamais figé. Il est mis à jour régulièrement, en fonction des retours des utilisateurs, des priorités de l’entreprise, ou des changements de marché. Les éléments du backlog sont souvent appelés User Stories, et chacun peut inclure une description, des critères d’acceptation et une estimation du travail à accomplir.

Exemple :

Pour une application de gestion de tâches, le Product Backlog pourrait inclure des éléments tels que :

  1. Ajouter la fonctionnalité de partage de tâches avec d’autres utilisateurs.
  2. Améliorer les notifications push pour les rappels de tâches.
  3. Corriger un bug dans le système de tri des tâches par priorité.
  4. Intégrer une API pour synchroniser l’application avec des outils de gestion tiers.

Dans cet exemple, les éléments 1 et 2 pourraient être jugés plus prioritaires et être traités dans les prochains Sprints, tandis que les éléments 3 et 4 pourraient être réalisés ultérieurement.

Backlog de Sprint (Sprint Backlog)

Description :

Le Backlog de Sprint est une sous-liste du backlog produit. Il s’agit d’une sélection d’éléments que l’équipe de développement s’engage à réaliser pendant un Sprint spécifique. Ces éléments sont tirés du backlog produit lors de la réunion de Planification du Sprint.

Une fois les éléments du backlog de Sprint définis, ils sont figés pour la durée du Sprint. L’équipe se concentre uniquement sur ces éléments et s’efforce de les compléter dans le temps imparti (généralement deux à quatre semaines). Le Backlog de Sprint est un outil essentiel pour suivre l’avancement du travail, et il est souvent visualisé sous la forme de tâches ou User Stories.

Exemple

Continuons avec l’exemple de l’application de gestion de tâches. Lors de la planification d’un Sprint de deux semaines, l’équipe pourrait sélectionner les éléments suivants du backlog produit pour le backlog de Sprint :

  1. Développer la fonctionnalité de partage de tâches.
  2. Améliorer les notifications push.
  3. Tester et corriger les bugs dans les rappels de tâches.

Une fois ces éléments sélectionnés, l’équipe s’engage à les réaliser pendant le Sprint. Des tâches spécifiques sont créées pour chaque élément, par exemple “Créer l’interface utilisateur pour le partage de tâches” ou “Implémenter le service de notifications push”.

Incrément de produit (Product Increment)

Description

L’Incrément de produit est la somme de tous les éléments terminés à la fin d’un Sprint, ainsi que des éléments complétés dans les Sprints précédents. Chaque incrément doit être potentiellement livrable, c’est-à-dire qu’il doit être fonctionnel et prêt à être déployé en production si le Product Owner décide de le faire. Un incrément doit répondre aux critères de définition de terminé (Definition of Done), ce qui signifie qu’il a été correctement testé, validé et documenté.

Chaque Sprint devrait produire un incrément qui ajoute de la valeur au produit existant. Il s’agit d’une accumulation des fonctionnalités qui ont été complétées Sprint après Sprint, améliorant progressivement le produit final.

Exemple

Après un Sprint de deux semaines, l’équipe de l’application de gestion de tâches termine les éléments suivants :

  1. Fonctionnalité de partage de tâches entièrement implémentée.
  2. Amélioration des notifications push.
  3. Correction des bugs dans le système de rappel.

Ces éléments, une fois terminés et validés, constituent un nouvel incrément de produit. Cela signifie que l’application, à ce stade, permet désormais le partage de tâches, envoie des notifications améliorées et ne contient plus les bugs identifiés. Cet incrément est potentiellement livrable, et le Product Owner peut choisir de le déployer immédiatement ou de l’inclure dans une version future.

Conclusion

La méthodologie Agile Scrum est un puissant outil pour les équipes cherchant à améliorer leur efficacité et leur collaboration dans la gestion de projets. En mettant l’accent sur la communication, l’itération et l’amélioration continue, Scrum offre une approche dynamique qui peut s’adapter aux besoins changeants des projets et des clients. Toutefois, pour en tirer pleinement parti, il est essentiel de former les équipes et d’engager les parties prenantes de manière proactive.

Analyste Fonctionnel * Plus de publications

Diplômé en études germaniques interculturelles à l'UCAD, titulaire d'un Zertifikat Deutsch B1 de l'Institut Goethe, et formé en Technologies de l'Information et de la Communication (TIC) au Centre de Recherche et d'Essai (CRE), j'accomplis avec passion les projets qui me sont confiés. Actuellement, je poursuis une formation à Applize Academy en tant que Analyste Fonctionnel.

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